Pourquoi l’air que vous respirez au bureau est peut-être plus pollué que dans la rue

Nous passons 80% de notre temps dans des espaces intérieurs. Ceux-ci sont pourtant jusqu’à 5 à 10 fois plus pollués que l’air extérieur.

Le débat sur la pollution de l’air ne devrait pas se focaliser que sur les voitures : il y aussi beaucoup à dire sur l’air que nous respirons fenêtres fermées… Ce ne sont plus le CO2 et les oxydes de soufre qui posent problème, mais le formaldéhyde, l’acétaldéhyde, le benzène…

Présents dans les meubles, les solvants des peintures murales, ou les matériaux de construction, ils polluent l’air jusqu’à « cinq à dix fois plus » que l’air extérieur, comme le résume l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur. « Ces espaces intérieurs, logements, bureaux, transports ou écoles, où nous passons près de 80% de notre temps, souffrent souvent d’être trop confinés et pas assez aérés », explique Christelle Nicolet, responsable du service Air intérieur chez Bureau Veritas Laboratoires, spécialiste des analyses d’air intérieur et d’émissions de matériaux. 

Les « composés organiques volatils » (COV) – est le nom donné à ces agents polluants. « Dans les pays industrialisés, entre 25% et 30% de la population est aujourd’hui allergique. Rien qu’en France, nous comptons 3,5 millions d’asthmatiques et 50.000 personnes souffrant d’insuffisances respiratoires graves », résume Christelle Nicolet. L’enjeu économique est considérable, estimé entre 10 et 40 milliards d’euros par an en France, selon l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, dont 1 milliard d’euros rien que pour le remboursement des médicaments antiasthmatiques ».

« Ce sont les matériaux de construction qui contribuent le plus à cette pollution intérieure par des COV, à hauteur de 70%, précise Christelle Nicolet. Vient ensuite le mobilier, pour 20%, les désodorisants, 6%, les produits ménagers, pour 3% et enfin, pour 1%, les insecticides. » 

Des actions préventives autour de ces substances sont engagées. Depuis 2013, des étiquettes classant les « émissions dans l’air intérieur » sur une échelle allant d’A+ à C sont apposées sur les produits de construction, comme les pots de peinture par exemple. Pas forcément très visible sur les packagings, mais les effets se font déjà sentir. « En cinq ans, nous avons pu noter de grandes améliorations. Ce n’est qu’une moyenne, et cela dépend évidemment des catégories, mais l’on tend aujourd’hui vers les 80% de produits obtenant une note en A+ », se réjouit Christelle Nicolet. C’est le signe que les industriels font des efforts.

Bonne nouvelle, ce système d’étiquetage va bientôt s’élargir aux meubles, à compter de 2020, selon le même principe. « C’est une bonne chose car, sur le mobilier, nous partons souvent de loin, explique l’experte. Beaucoup d’industriels ont d’ores et déjà pris ce sujet à bras-le-corps et les progrès que nous pouvons constater sont déjà tangibles. » Vivement 2020 donc !

Contribution à la pollution de l’air intérieur suivant les catégories de produits

Contribution à la pollution de l’air intérieur suivant les catégories de produits
*Source : H. Guo, Building and Environment, 2011, Source apportionment of volatile organic compounds in Hong Kong homes.

Exemple d’étiquette informant sur les émissions dans l’air intérieur que l’on peut retrouver par exemple sur les pots de peinture.

Exemple d’étiquette informant sur les émissions dans l’air intérieur que l’on peut retrouver par exemple sur les pots de peinture.

Source : lemag.bureauveritas.fr

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